Mise en avant depuis l’annonce de son remboursement par l’Assurance Maladie le 15 septembre 2018, la téléconsultation reste d’un usage marginal en France. Ainsi, d’après une enquête menée auprès du Chronic Panel de B3TSI[1], seuls 8 % des personnes touchées par une ou plusieurs maladies chroniques y ont déjà eu recours lors des 12 derniers mois.
Utilisation de la téléconsultation… une réalité ou encore une fiction ?
Penser suffisamment à l’avance au renouvellement de ses médicaments, attendre deux mois pour obtenir un rendez-vous chez son spécialiste, prendre rendez-vous en urgence chez son médecin généraliste… Être atteint d’une maladie chronique modifie le quotidien et nécessite souvent un suivi médical rapproché, obligeant à prévoir son emploi du temps, ce qui peut être très contraignant. La téléconsultation peut apparaître comme l’une des solutions amoindrissant les multiples contraintes rencontrées par les personnes atteintes d’une maladie chronique et favorisant la fluidité du parcours de soins.
Pourtant, l’enquête menée auprès du Chronic Panel de B3TSI montre que :
- Seuls 8 % des personnes touchées par une maladie chronique ont déjà eu recours à la téléconsultation au cours des 12 derniers mois.
- 92 % n’en ont pas encore fait l’expérience :
Une pratique qui dépend de la fréquence de consultation du patient
En moyenne, les personnes ayant eu recours à la téléconsultation consultent leur médecin traitant 5,4 fois par an contre 4,6 pour ceux qui n’ont pas téléconsulté au cours des 12 derniers mois.
Dans la même logique, ceux qui téléconsultent ont eu recours des spécialistes en moyenne 3,5 fois dans l’année contre 1,9 pour les autres.
Même constat chez les personnes ayant eu recours aux services d’urgence d’un hôpital ou d’une clinique : ils sont 30 % chez les personnes ayant déjà téléconsulté, contre 22 % chez les personnes n’ayant jamais fait appel à la téléconsultation.
Téléconsulter aujourd’hui : qui, comment, pourquoi ?
B3TSI s’est penché plus précisément sur les 8 % des répondants ayant eu recours à la téléconsultation au cours des 12 derniers mois.
Lors de leur dernière téléconsultation :
- 66 % ont consulté un médecin généraliste et 30 % un médecin spécialiste,
- 75 % ont effectué cette téléconsultation depuis leur domicile,
- 49 % des répondants déclarent que la téléconsultation était le seul moyen d’accéder au médecin en question,
- 39 % que c’était une situation d’urgence,
- 37 % que le rendez-vous physique était trop lointain,
- 20 % que leur médecin traitant était indisponible.
De plus :
- dans 71 % des cas, les patients ont effectué une téléconsultation pour éviter de se déplacer,
- 36 % pour éviter du stress,
- 30 % pour éviter le déplacement en VSL (véhicule sanitaire léger) ou en ambulance.
Téléconsulter, est-ce aussi bien que consulter ?
La téléconsultation ne se résume pas seulement, comme on pourrait le croire, au téléconseil et se place aujourd’hui réellement dans le champ du parcours de soins des personnes malades chroniques y ayant eu recours.
Enfin, du côté de la satisfaction du patient, 10 % sont davantage satisfaits par une téléconsultation que par une consultation classique et 63 % estiment que les deux systèmes sont tout aussi satisfaisants.
Téléconsultation, vers des usages plus fréquents ?
La téléconsultation facilite donc le quotidien de certains malades chroniques. Le système évite le déplacement et le stress procuré par une organisation contraignante et permet surtout un accès au soin facilité et un suivi médical bien plus simplifié. Pourtant, le dispositif est encore très peu utilisé par les malades chroniques, principaux concernés par l’organisation du système de santé.
Et demain, qu’en sera-t-il ? Pour Alexis Bonis Charancle, directeur associé de B3TSI : « le véritable élément de réponse sera connu début juin prochain, avec la publication des résultats de la deuxième édition de cette enquête. 8 mois après la mise en place du remboursement de la téléconsultation, nous pourrons voir si les usages se développent réellement. Affaire à suivre donc… ».
[1]Enquête réalisée sur la base du Chronic Panel de B3TSI, du 14 au 22 novembre 2018, auprès d’un échantillon national représentatif de 1 427 répondantsmalades chroniques.
A propos de l'auteur
Laurent Mignon
De la défense des vignobles français sur les marchés export à la e-santé, en passant par la différenciation des molécules et la valorisation de la recherche médicale et biomédicale ou la mise en perspective de l’esprit scientifique et l’image des entreprises et de leurs porte-parole, un seul but : créer du lien entre les acteurs d’un même domaine. Sa méthode : « l’immersion ». Comprendre les enjeux, apporter de nouvelles idées et méthodes, être créatif mais aussi savoir dire non et aiguiller sur d’autres approches font son quotidien.