Alors que les médecins semblent de plus en plus sensibles à la santé connectée comme le démontre la 3ème édition du baromètre Vidal – CNOM (à titre d’exemple, ils sont 64% à utiliser leur smartphone pour établir une prescription en 2014 contre 34 % en 2012), l’avenir des pharmaciens passe-t-il aussi par la santé digitale ?
Eléments de réponse avec Lucien Bennatan, Président et fondateur du Groupe PHR.
Après le lancement, fin 2014, de l’enseigne Ma Pharmacie Référence, le Groupe PHR a présenté, début février 2015, les résultats d’un sondage sur le regard des français sur les objets connectés de santé et la e-Pharmacie. Est-ce à dire que pour vous, le pharmacien de demain sera connecté ou ne sera pas ?
En effet, toute activité professionnelle qui ne prendrait pas en compte les évolutions des comportements et les nouvelles possibilités offertes par les avancées technologiques, se mettrait en danger. Les pharmaciens n’échappent donc pas à cette règle. Ils doivent dès à présent, pour exister demain, s’engager dans le parcours de soins e-santé qui va progressivement, exister parallèlement au parcours de soins classique.
Dans votre sondage, 13% des Français possèdent déjà un objet connecté de santé. Au-delà de cet état des lieux, votre sondage donne également des informations sur les motivations d’achats pour demain. Ainsi, 44% des répondants achèteraient un objet connecté pour surveiller des constantes (tension, température…), 39% pour partager de l’information avec leur médecin, 36% pour rester en bonne santé… mais seulement 8% pour partager de l’information avec leur pharmacien. Visiblement, ce rôle de pharmacien connecté n’est pas encore reconnu des Français. Comment pensez-vous pouvoir légitimer cette place dans la santé connectée ?
Je suis plutôt confiant car il ne vous a pas échappé que dans cette enquête à 77% les personnes interrogées se disent déjà disposées à partager leurs données avec leur pharmacien dans le cadre d’un rendez-vous formalisé (entretien pharmaceutique). Et pour 37% des français, le médecin et le pharmacien sont les plus à même d’analyser leurs données. Il n’est pas surprenant que spontanément, les Français pensent d’abord au médecin. Par contre, le fait que le réseau officinal offre une proximité et une disponibilité inégalées pour un Acteur de Santé nous donnera aux côtés des médecins, la légitimité dans le cadre du développement de la e-santé.
Si le pharmacien de demain est un e-Pharmacien, pensez-vous que la législation et la réglementation actuelle soient adaptées ? Ne faut-il pas, notamment, faire évoluer l’arrêté du 24 février 2002 réglementant “les marchandises dont les pharmaciens peuvent faire le commerce dans leur officine?”
En effet la législation actuelle est totalement inadaptée tout comme l’interdiction pour un réseau officinal de communiquer sur son savoir-faire et ses services. Il faut donc que la législation s’adapte au développement de la e-santé, de la pharmacie connectée et du commerce moderne.
Pour revenir aux éléments de votre sondage, on voit que le rôle du « e-Pharmacien » est parfaitement reconnu concernant le partage des informations sur le ou les traitements suivis (88% des répondants seraient d’accord pour partager ce type d’informations avec leur pharmacien). N’est pas finalement la-à quel le vrai rôle du pharmacien de demain : un acteur central de l’observance et du bon usage ?
Observance, lutte contre l’iatrogénie, optimisation des traitements, prévention, sont les fonctions naturellement associées au rôle du Pharmacien. Elles font partie intégrante du parcours de soins. Aujourd’hui les pharmaciens sont « sous exploités » dans ces domaines et dans l’intérêt général, il est urgent d’en faire un acteur central de l’observance, du bon usage.
Concernant les objets connectés, 65% des répondants sont favorables à la mise en place d’espace dédié dans les pharmacies. Bien évidemment, cela conforte la création de l’enseigne Ma Pharmacie Référence. A ce propos comment le Groupe PHR va-t-il accompagner les pharmacies en ce domaine, proposez-vous ou allez-vous proposer des formations dédiées à la santé mobile et connectée pour les équipes officinales, qu’il s’agisse des applications mobiles ou des objets connectés ?
Pour accompagner nos confrères dans la nouvelle Enseigne « Ma Pharmacie référence », nous mettons en place une « Université de l’enseigne ». Dans ce cursus, une dizaine de journées de formations dédiées aux pharmaciens et aux équipes officinales seront consacrées à : la e-pharmacie, la e-santé, la santé mobile, le coaching dédié à la collecte des données, la navigation au niveau des applications mobiles, l’intérêt des objets connectés proposés.
Pour en savoir plus sur le sondage mené par l’IFOP pour le Groupe PHR : Le regards des Français sur l’e-pharmacie et les objets connectés.
A propos de l'auteur
Laurent Mignon
De la défense des vignobles français sur les marchés export à la e-santé, en passant par la différenciation des molécules et la valorisation de la recherche médicale et biomédicale ou la mise en perspective de l’esprit scientifique et l’image des entreprises et de leurs porte-parole, un seul but : créer du lien entre les acteurs d’un même domaine. Sa méthode : « l’immersion ». Comprendre les enjeux, apporter de nouvelles idées et méthodes, être créatif mais aussi savoir dire non et aiguiller sur d’autres approches font son quotidien.