À l’heure où la e-santé se développe à vitesse grand V, les patients souffrant de maladies chroniques sont les premiers touchés par ce changement. B3TSI a réalisé une large enquête auprès des principaux intéressés via son Chronic Panel : quels services, outils, applications e-santé, … plébiscitent-ils ? Sont-ils enclins à cette nouvelle façon de prendre en charge leur santé ? Quelles pathologies sont les plus concernées ? Les malades chroniques prennent la parole.
Téléconsultation, 1 malade chronique sur 2 songe à y faire appel !
Lorsque l’on parle d’e-santé, on pense d’abord à la téléconsultation, nouvelle pratique, reconnue aujourd’hui par le système de soins, et très récemment en expérimentation pour améliorer les parcours de santé par l’Assurance Maladie. Alors que 2018 semble donner un nouvel élan à la télémédecine, seuls 9 % des répondants à l’enquête Chronic Panel ont déjà consulté un médecin à distance, et seul 1 % des répondants la pratique fréquemment. Parmi les malades chroniques ayant déjà consulté à distance, 63 % l’ont fait par e-mail et 54 % par téléphone, afin d’obtenir une prescription / un conseil sans ordonnance dans 78 % des cas, et une prescription / un conseil avec ordonnance dans 37 % des cas. Pour quelles raisons ont-ils fait appel à la téléconsultation ? Dans 37 % des cas pour essayer, et dans 35 % des cas car c’est plus facile et sans perte de temps. Ainsi, parmi les personnes ayant déjà expérimenté cette pratique, 87 % sont prêt à la réitérer. Du côté de ceux qui n’ont en revanche jamais eu recours à la téléconsultation, 54 % pensent y faire appel à l’avenir. Et lorsqu’on leur demande pour quelles raisons ils consulteront leur médecin à distance, 57 % pensent également que cela est plus facile et sans perte de temps, 50 % pensent que ce sera à la demande du médecin… reste 46 % de curieux qui souhaitent essayer cette pratique pour son aspect novateur.
Il semble donc que malgré un faible usage actuel de la téléconsultation par les malades chroniques, les patients soient plutôt favorables à une pratique plus courante de celle-ci dans le futur.
Prise de rendez-vous sur Internet, une pratique courante des malades chroniques
Comment parler de e-santé, sans aborder la prise de rendez-vous sur internet, véritable porte d’entrée dans la e-santé ?
Démocratisée entre autres par la startup Doctolib, la prise de rendez-vous sur le web est de plus en plus pratiquée. 58 % des malades chroniques ont déjà pris rendez-vous par internet (dont 66 % qui ont eu recours à Doctolib), mais seulement 14 % reconnaissent une pratique fréquente. Ce sont les patients migraineux qui prennent le plus rendez-vous par Internet, peut-être en raison de la soudaineté des crises de migraine.
Sans surprise, 96 % des malades chroniques ayant déjà pris rendez-vous en ligne, souhaitent renouveler cette pratique.
Du côté des personnes qui n’ont jamais utilisé une plateforme de prise de rendez-vous sur internet, 69% pensent le faire à l’avenir, dont 80 % pour prendre rendez-vous avec un médecin généraliste et 55 % avec un médecin spécialiste (80 % dans le cas des personnes atteintes d’un cancer). Et les raisons sont toujours les mêmes : dans 65 % des cas parce que c’est plus facile et rapide, et dans 42 % des cas pour essayer.
Le web, pour s’informer en santé, le mobile reste à développer
Aujourd’hui considéré comme un média à part entière, internet est une source d’informations importante en matière de santé : dans le cadre de leur pathologie, 90 % des personnes atteintes de spondylarthrite ankylosante consultent internet, 76 % en cas de cancer, 75 % pour le diabète, 68 % en cas de migraine. En revanche, 47% des personnes touchées par l’hypertension n’ont jamais recours au web.
Qui dit e-santé, dit aussi smartphones, applications et objets connectés. 86 % des répondants possèdent un smartphone, mais ils sont très peu à utiliser des applications de santé : 18 % des insuffisants cardiaques, 11 % des patients souffrant de spondylarthrite ankylosante et aucun patient BPCO ou souffrant de polyarthrite rhumatoïde. Du côté des objets connectés, le constat est similaire : seulement 12 % des diabétiques en utilisent, 5% des hypertendus et des migraineux, 2% des patients atteints d’un cancer, 0% des BPCO.
Et le DMP dans tout cela ?
En termes de données de santé, seuls 8 % du panel possèdent (ou savent qu’ils ont) un dossier pharmaceutique et 12 % un dossier médical partagé (DMP) (25 % dans le cas des patients souffrant de spondylarthrite ankylosante). En revanche, les malades chroniques ne sont pas du tout réfractaires au DMP, puisque 88 % y sont favorables. Lorsqu’on leur demande s’ils sont confiants vis-à-vis de la sécurité de leurs données, ils ne sont pourtant que 63 %, les moins confiants étant les patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde (23 %).
Il semble donc que les malades chroniques n’en soient qu’au début de cette nouvelle pratique de la e-santé, mais qu’ils voient en elle un potentiel et qu’ils soient favorables à son développement et à sa pratique dans leur parcours de soins à l’avenir. Une bonne nouvelle pour ce marché qui tend de plus en plus à se développer et pour le DMP dont la généralisation est attendue pour le mois d’octobre.
*Enquête réalisée du 3 au 12 Juillet 2018 à l’aide d’un échantillon national représentatif de 501 répondants issus du Chronic Panel
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A propos de l'auteur
Laurent Mignon
De la défense des vignobles français sur les marchés export à la e-santé, en passant par la différenciation des molécules et la valorisation de la recherche médicale et biomédicale ou la mise en perspective de l’esprit scientifique et l’image des entreprises et de leurs porte-parole, un seul but : créer du lien entre les acteurs d’un même domaine. Sa méthode : « l’immersion ». Comprendre les enjeux, apporter de nouvelles idées et méthodes, être créatif mais aussi savoir dire non et aiguiller sur d’autres approches font son quotidien.