A l’occasion du Colloque Numérique et Santé + Autonomie, Arnaud Muret de Réunica, Giovanni Ungaro de Legrand et Patrick Malléa du Centre National de Référence Santé + Autonomie ont présenté leur vision du développement de l’esanté et du numérique au service de l’autonomie. Une vision complémentaire alliant prospective de l’acteur de la protection sociale, capacité de production et de diffusion de l’industriel et volonté de décloisonner pour mieux labelliser de la part du Centre national de référence, officiellement mandaté par le Ministre du Redressement productif et la Ministre déléguée aux personnes âgées et à l’autonomie pour mener à bien ce chantier.
Réunica, bâtir des projets prospectifs
Figurant parmi les principaux groupes de protection sociale (9 milliards de cotisations), Réunica a souhaité développer une vision prospective face aux évolutions de la société française (allongement de la durée de vie, perte d’autonomie, croissance des maladies chroniques) et ce de façon extrêmement concrète. Ainsi, Réunica a engagé 2,4 millions d’€ sur des projets liés au domicile et sur la télémédecine ; l’objectif principal étant de valider l’acceptabilité des nouvelles technologies. Pour Arnaud Muret : “Notre doctrine de départ nous dit que les technologies doivent être non intrusives et discrètes et que le soutien / maintien à domicile doit nécessairement s’accompagner de lien social. Les technologies ne doivent pas enfermer les personnes sur elles-mêmes mais leur permettre de rester insérées dans la vie quotidienne”.
Sur Besançon, Réunica participe directement à un programme de télémédecine dédié aux personnes souffrant de maladies cardiaques. Financé aux 2 / 3 par Réunica, ce programme a pour objet d’éviter des déplacements inutiles vers l’hôpital en télésuivant les personnes à leur domicile et en permettant aux professionnels de santé d’ajuster les traitements à distance. Pour Arnaud Muret : “Ce programme, mais d’autres également, tel celui mené par le Conseil général de l’Isère et dont nous sommes partenaires, s’accompagne d’évaluations médicales mais aussi d’analyses des pratiques”.
Legrand, l’autonomie : un domaine économique comparable à celui de l’efficacité énergétique
Spécialiste des infrastructures du numérique et du bâtiment, Legrand déploie une offre destinée au bien vivre à domicile. L’enjeu est clair : comment améliorer la prise en charge des personnes fragiles dans leur lieu de vie ? De fait, le sujet de l’assistance à l’autonomie et à la santé est un véritable axe stratégique de développement au niveau du groupe. Pour Giovanni Ungaro, Directeur assistance autonomie chez Legrand : “Il s’agit d’une économie, d’un marché, qui, en volume, est comparable à celle de l’efficacité énergétique et du développement durable”.
Acteur industriel et de terrain, Legrand entend participer pleinement à la prévention de la perte d’autonomie. Il s’agit d’éviter les accidents de la vie courante, les chutes par exemple, qui peuvent entraîner une hospitalisation. “Nous travaillons à rendre le logement intelligent avec des détecteurs de chute, des systèmes d’alerte reliés à un service d’assistance” précise Giovanni Ungaro avant d’ajouter “Nous travaillons sur des systèmes avancés pour mettre en communication la personne à domicile avec son entourage proche et avec des professionnels. Le but n’est pas d’enfermer la personne chez elle mais de la mettre en communication avec des services auxquels elle n’aurait pas accès sans ce type de média. D’ailleurs, nous sommes attentifs aux évolutions et aux démarches du CNR Santé en ce domaine. La labellisation des services numériques liés à l’autonomie permettra de valider des programmes où la personne sera au centre du dispositif”.
CNR Santé à domicile + Autonomie, la labellisation doit être un facteur de décloisonnement
Pour le CNR Santé à domicile + Autonomie, l’enjeu actuel est de mettre en place une économie de la qualité. Comme l’indique Patrick Malléa, Directeur général du CNR Santé à domicile + Autonomie : “Nous voulons changer pour maintenir un haut niveau de qualité. Il faut maintenant des repères précis, pour que ceux qui mettent chaque jour 1 euro pour favoriser des services dans le champ de la santé et l’autonomie puissent voir une montée en gamme des services…”.
La construction, ou plutôt la co-construction de références et la mise en place de la labellisation par le CNR Santé + Autonomie permettent aux donneurs d’ordre de comprendre ce qui est possible ou pas. “Il faut être un repère utile. Ce repère va nécessiter qu’on puisse rapprocher des points de vue. Il faut créer un langage commun, basé sur des critères de qualité qui vont servir aux industriels, aux donneurs d’ordre et aux utilisateurs. On parle de démarches de labellisation car l’essentiel n’est pas le label mais la démarche.”
En ouverture du deuxième Colloque Numérique Santé + Autonomie, M. Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a mis en avant la nécessité de décloisonner les approches en santé. Pour sa part, le CNR Santé + Autonomie s’inscrit complètement dans cette vision. Ces dernières années, le travail du CNR Santé + Autonomie a été de faire en sorte de pouvoir à nouveau irriguer les territoires quand on parle de numérique et de santé et que tous acceptent de jouer ensemble : acteurs privés et publics, issus du numérique, de la santé ou de l’autonomie.
Pour Patrick Malléa : “Le colloque qui nous réunit aujourd’hui est la preuve que les filières du numérique en santé et du numérique au service de l’autonomie sont non seulement des secteurs porteurs de croissance, mais surtout des secteurs complémentaires et extrêmement proches. La démarche de labellisation que nous démarrons actuellement s’appuiera sur le même principe : tirer parti du meilleur de chacun des mondes et le mettre en partage”.
A propos de l'auteur
Laurent Mignon
De la défense des vignobles français sur les marchés export à la e-santé, en passant par la différenciation des molécules et la valorisation de la recherche médicale et biomédicale ou la mise en perspective de l’esprit scientifique et l’image des entreprises et de leurs porte-parole, un seul but : créer du lien entre les acteurs d’un même domaine. Sa méthode : « l’immersion ». Comprendre les enjeux, apporter de nouvelles idées et méthodes, être créatif mais aussi savoir dire non et aiguiller sur d’autres approches font son quotidien.