Première année, c’est neuf mois dans la vie d’Antoine et Benjamin : le premier est triplant, cas rarissime permis par une dérogation sur dossier médical bidon ; le second est tout fraîchement débarqué en fac de médecine, un peu par défaut, un peu parce que c’est le métier de papa. Les deux vont souffrir ensemble pour réussir (ou pas) leur PACES.
Si le film est sympathique et prête à sourire au détour de quelques punchlines bien menées, il est surtout l’occasion de s’interroger sur le système. Morceaux choisis : un concours où les meilleurs sont des reptiles qui répondent par réflexes plus que par réflexion, où tous souffrent pour apprendre des cours qui ne leur serviront jamais et certainement pas dans leur pratique médicale, et où finalement, la réussite dépend en partie des codes déjà acquis par l’étudiant dans son milieu social.
En bref, la PACES se résume à « apprendre le bottin sans demander pourquoi (ça c’est un étudiant en prépa), mais pour quand ». En serrant les dents.
Loin d’être un documentaire, ce long-métrage signé par un médecin (Thomas Lilti) a le mérite de mettre en lumière les conditions d’apprentissage de nos futurs médecins et de s’inquiéter pour leur bonne santé mentale.
Un peu tard, peut-être, car Première année aurait aussi bien pu emprunter ses mots à Gabriel Garcia Marquez et s’intituler Chronique d’une mort annoncée.
Car pour le numerus clausus tant décrié dans le film, la fin est sonnée.
Emmanuel Macron et Agnès Buzyn s’en sont faits les pourfendeurs. Depuis 1972, le système limite le nombre d’étudiants qui seront admis en seconde année à un quota déterminé par le gouvernement. Au terme d’une année, généralement doublée et plus que difficile, alors que les étudiants sont évalués en partie sur la base de QCM et de questions de par cœur à la virgule près, le numerus clausus élimine des dizaines de milliers de postulants. Le tout alors que les campagnes souffrent d’une pénurie de médecins. Éviter « le gâchis humain », est ainsi l’un des objectifs d’Agnès Buzyn. Les contours de la nouvelle première année restent encore à définir, mais le principe est donc posé : il n’y aura plus de concours-couperet à son issue.
Et si la réforme amène de nouvelles questions, peut-être Thomas Lilti pourra-t-il les souligner dans l’un de ses prochains films.
Pour découvrir la bande-annonce, cliquez ici : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19578514&cfilm=253927.html?nopub=1
A propos de l'auteur
Laurent Mignon
De la défense des vignobles français sur les marchés export à la e-santé, en passant par la différenciation des molécules et la valorisation de la recherche médicale et biomédicale ou la mise en perspective de l’esprit scientifique et l’image des entreprises et de leurs porte-parole, un seul but : créer du lien entre les acteurs d’un même domaine. Sa méthode : « l’immersion ». Comprendre les enjeux, apporter de nouvelles idées et méthodes, être créatif mais aussi savoir dire non et aiguiller sur d’autres approches font son quotidien.