Pour la 111ème fois, l’Association Française d’Urologie organise le Congrès Français d’Urologie (CFU). L’événement est l’occasion de d’échanger sur les actualités et faire le point sur les avancées.
L’essentiel du Congrès
« Le Congrès est un moment de plaisir et de partage, en ce qu’il nous permet, à nous urologues, d’échanger entre nous, mais aussi avec les professions avec lesquelles nous collaborons au quotidien : les infirmiers, les kinésithérapeutes et secrétaires notamment, mais aussi avec les pharmaciens depuis cette année », indique le Dr Georges Kouri, Président de cette 111ème édition.
« Nous avons plus de 3 000 inscriptions cette année, c’est un succès et c’est aussi l’occasion de diffuser les savoirs », complète le Dr Castagnola, Vice-président de l’AFU délégué à la communication.
Avec 32 états de l’art, 10 tables rondes, ainsi que de nombreuses autres communications et sessions au programme, ces 4 jours d’échanges permettront en effet d’aborder différentes thématiques. Parmi celles-ci, les « traitements ablatifs in situ en urologie » (le rapport du Congrès), la prise en charge du prolapsus, ou encore le rôle du pharmacien.
Le Rapport du Congrès : faire le point sur l’état de l’art
Les « traitements ablatifs in situ » ou « traitements ablatifs focaux » sont apparus il y a une dizaine d’années. Utilisés pour le rein ou la prostate, ils désignent toutes les méthodes non chirurgicales visant à détruire une tumeur de petite taille (chaleur, froid, lumière, radioactivité).
Dans le cas des tumeurs prostatiques, ces nouvelles approches permettent de limiter les effets secondaires des traitements globaux. Pour le rein, elles sont proposées dans le cas de patients ne pouvant accéder à une chirurgie conservatrice.
Le rapport 2017 vise à faire un point d’étape sur ces approches qui pourraient, dans les années à venir entraîner une véritable « révolution » de la prise en charge.
Dans le principe, ces méthodes ablatives focales sont en effet extrêmement séduisantes. Elles sont peu traumatisantes, efficaces, rapides et peuvent être proposées à des patients fragiles. Dans les faits, leur évaluation est délicate. Le recul sur ces méthodes est encore insuffisant : il existe des études mais trop récentes, partielles ou biaisées. Des études complémentaires sont donc nécessaires.
L’actualité : quelle prise en charge pour le prolapsus en 2017 ?
Fréquent chez les femmes de plus de 50 ans, le prolapsus, communément appelé « descente d’organes« , traduit le vieillissement des tissus de soutien, le relâchement du vagin et l’affaissement des organes pelviens.
Beaucoup des prolapsus sont asymptomatiques et ne nécessitent pas d’être opérés. Pour les autres, plusieurs techniques chirurgicales ont été développées avec des voies d’abord différentes : l’une transabdominale, l’autre transvaginale.
Pour la voie vaginale, la technique classique et ancienne consistait à ouvrir le vagin le long du prolapsus et réaliser une réparation avec des fils. Elle a été plus récemment complétée par la pose de plaques en polypropylène, pour réduire le risque de récidive. Le résultat anatomique est plus solide, mais l’utilisation de ces prothèses a entraîné parfois de lourdes complications (érosion du vagin, rétraction des tissus…), en particulier aux Etats-Unis, où elles ont été posées larga manu.
Bien qu’imparfaits, ces dispositifs ont pourtant leur place dans l’arsenal thérapeutique, notamment pour les femmes en rechute après une intervention ou celles chez qui la chirurgie classique risque de ne pas être durable. Dans ces cas-là, la discussion sur le rapport bénéfice-risque est essentielle. Au niveau européen, les sociétés savantes ont d’ailleurs publié, cette année, un état des lieux consensuel, proposant que ces prothèses soient posées en seconde ligne, sur des patientes bien sélectionnées, et par des praticiens bien entraînés. L’AFU recommande de son côté que la pose de prothèse soit réservée aux cas compliqués, pour lesquels ces prothèses représentent un vrai bénéfice potentiel.
In situ : le pharmacien, un collaborateur essentiel de l’urologue pour la qualité des soins apportés au patient
« Au sein de mon établissement, je me suis rendu compte de l’importance du rôle joué par notre pharmacienne. Il me semble très important qu’un maximum d’urologues soient sensibilisés au rôle indispensable du pharmacien dans l’établissement de santé privé ou public », indique le Dr Géraud, avant de préciser : « Le pharmacien va, de plus en plus, jouer un rôle essentiel de conseil, de guide, et de contrôle à de nombreux niveaux. »
En effet, le pharmacien est un acteur fondamental de la sécurité et de l’efficience des traitements. Il intervient dans la gestion des dispositifs médicaux stériles et implantés, mais aussi dans la matério-vigilance, dans le contrôle des protocoles de chimiothérapie, et dans les revues de mortalité et de morbidité. « Le pharmacien vérifie les prescriptions et peut les modifier s’il estime qu’elles sont inutiles ou présentent un danger« , complète le Dr Géraud.
La création du CAQES (contrat d’amélioration de la qualité des soins), prochainement mis en place, et les différentes mesures annoncées par la ministre Agnès Buzyn visent à augmenter le contrôle de l’efficience des soins (coût et qualité). Le travail conjoint des urologues et des pharmaciens rendra possible l’amélioration des normes de qualité et la pertinence des soins, avec, en ligne de mire, la sécurité du patient.
A propos de l'auteur
Laurent Mignon
De la défense des vignobles français sur les marchés export à la e-santé, en passant par la différenciation des molécules et la valorisation de la recherche médicale et biomédicale ou la mise en perspective de l’esprit scientifique et l’image des entreprises et de leurs porte-parole, un seul but : créer du lien entre les acteurs d’un même domaine. Sa méthode : « l’immersion ». Comprendre les enjeux, apporter de nouvelles idées et méthodes, être créatif mais aussi savoir dire non et aiguiller sur d’autres approches font son quotidien.