« Raie manta bioluminescente » par Pauline Couble
La 5e édition de la Biennale de la Création des Arts décoratifs est l’occasion de s’engager dans un voyage au cœur de l’imaginaire des créateurs, entre création, objets et matière. Et, à l’image de la question éternelle “qui vient avant : l’œuf ou la poule?”, on peut se demander ce qui vient en premier dans la création des œuvres qui seront exposées lors de cette Biennale : l’idée ou la matière?
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“Au début était la matière”
Pour Pauline Couble, la création peut suivre deux processus distincts, mais chacun a pour point de départ la matière : “Le choix de la matière que l’on travaille est souvent le préalable à notre création. C’est ce choix-là qui va, par la suite, influencer notre vision, l’orienter et la contraindre”.
Si la matière est donc le point de départ, il y a ensuite deux façons de créer, nous explique Pauline Couble, “deux façons qui sont indissociables et qui enrichissent toutes les deux mon parcours artistique”. Elle distingue, d’un côté, un cheminement privilégiant la maîtrise et la technique : “Sur certains projets, mon idée de départ est très précise et détermine mon choix dans les matières et les techniques. Pendant l’exécution, les contraintes physiques de la matière peuvent influencer l’avancée de la pièce. Mais j’essaye de rester au plus près du dessin de départ”.
Parallèlement, Pauline Couble distingue également l’existence d’une deuxième façon de procéder : celle d’un cheminement ludique et créatif qui consiste à improviser une création en tirant l’inspiration de la matière elle-même. Au fil du travail, l’œuvre peut prendre un chemin créatif différent de celui imaginé au départ à cause des “incidents” et effets inattendus qui surviennent de la matière. “Cela laisse la place à l’improvisation, à l’expérimentation” précise-t-elle.
C’est cette démarche-là que la créatrice a adopté pour l’œuvre qu’elle présente à la Biennale : “J’ai expérimenté la résine et j’en ai fait mon matériau de prédilection. La matière a donc été le point de départ. Plus tard, j’ai décidé d’y ajouter du bois et des matières végétales”. C’est ainsi qu’elle a développé ses propres techniques de création et un langage plastique inédit.
Comme le dit Vittorio Serio, président fondateur de L’EAC, “bien souvent, notre création est déjà finalisée alors que notre geste n’a pas encore commencé. Mais il n’est pas rare que le geste influence l’esprit ou que la matière enrichisse le concept, faisant naître une création toute différente”.
“Raie manta luminescente”, une sculpture éclairante
L’œuvre présentée par Pauline Couble lors de la 5e Biennale de la Création des Arts décoratifs s’intitule “Raie Manta luminescente”. L’idée recherchée dans cette œuvre vient de son “envie de créer une créature aquatique bioluminescente, une sorte de luminaire vivant qui semble en plein mouvement et qui produit en partie sa propre lumière par la fluorescence et la phosphorescence”.
Les œuvres de la créatrice s’inspirent souvent de matières et de formes organiques issues du monde vivant et de l’imagerie scientifique. “Mes sculptures pourraient d’ailleurs être retrouvées telles quelles dans la nature” a-t-elle ajouté.
Si Pauline Couble a choisi la résine, c’est avant tout parce qu’elle aime cette matière qui est “modulable à volonté, en termes de forme, de couleur et de transparence”. La réaction chimique nécessaire au durcissement de la résine lui confère un aspect vivant, propice à l’expérimentation : “Si on la mélange et qu’on observe ses réactions, cela peut donner des choses inattendues et très intéressantes”. Elle précise : “Entre le temps de conception de l’idée, la recherche de matériaux, les essais et plusieurs étapes de moulages, coulées, stratification, la réalisation complète de mon œuvre m’a pris plus d’un mois et demi de travail”.
Au final, Pauline Couble se définit comme étant à la frontière entre arts plastiques et arts décoratifs : “En effet, je travaille sur la plastique de la sculpture d’un côté et sur l’aspect fonctionnel de la lumière de l’autre. La lumière est la source de mise en valeur qui rend la sculpture éclairante”. Sa raie manta luminescente volera, du 15 au 30 septembre 2012, au cœur de l’Eglise Saint-Louis de la Salpêtrière.
A propos de l'auteur
Emmanuelle Klein
Surfant sur le petit monde des relations presse depuis plus de 20 ans, c’est en poussant les portes des rédactions des médias chauds qu’elle s’est forgée son expertise. Gastronomie, sport, recherche fondamentale peu importe le flacon… elle a compris que les contraintes des médias étaient les siennes et aime particulièrement relever des défis de n’importe quelle nouvelle interrogation.