COMMUNIQUE DE PRESSE
Les liens de sang et de cœur que Marie Curie a entretenu tout au long de sa vie avec son pays d’origine, la Pologne, sont bien connus. Mais il est un pan de l’histoire de la physicienne qui est relativement ignoré : son attachement pour les Etats-Unis, pays qui lui a réservé un accueil très chaleureux lors de son premier voyage en 1921. Cette visite s’est d’ailleurs soldée par le cadeau d’un gramme pur de radium, financé par la générosité publique des femmes américaines, pour permettre la poursuite des recherches scientifiques de Marie Curie. 92 ans après cet événement, la figure de Marie Curie reste célèbre et reconnue outre-Atlantique. Et son histoire et ses anciens bureau et laboratoire sont à découvrir au Musée Curie.
Une interview qui change la vie
Le lien entre Marie Curie et les Etats-Unis n’aurait probablement pas pu exister sans le concours de Mrs Mary Meloney, rédactrice en chef du magazine américain The Delineator. En mai 1920, cette journaliste obtient une courte entrevue avec Marie Curie qui, à l’époque, souhaite se faire discrète. A la question “Si vous pouviez formuler un vœu, que souhaiteriez-vous posséder ?”, Marie Curie répond sans hésiter : “J’aurais besoin d’un gramme de radium pour poursuivre mes recherches mais je ne puis l’acheter. Le radium est trop cher pour moi”. C’est par cette simple phrase que la vie de Marie Curie va entamer une nouvelle phase : celle du développement de sa notoriété outre-Atlantique.
Mary Meloney, surnommée Missy par ses amis, lance un appel à la générosité publique auprès des femmes américaines, dans le cadre du Marie Curie Radium Fund, et réussit en moins d’un an à recueillir 100 000$ pour acheter un gramme de radium pur. C’est ainsi que Marie Curie décide d’accepter l’invitation de ces femmes américaines à se rendre aux Etats-Unis pour recevoir son gramme de radium.
Un gramme de radium reçu à la Maison Blanche
Marie Curie et ses filles Irène et Eve arrivent à New-York le 11 mai 1921, accueillies par de nombreux journalistes qui envahissent le pont de leur paquebot. Elles vont ensuite passer 7 semaines à travers les Etats-Unis à visiter des laboratoires, des collèges féminins et les grandes universités américaines de Philadelphie, Chicago, Boston, Yale, et à y donner des conférences.
Pour Renaud Huyhn, directeur du Musée Curie, “le point d’orgue de ce voyage reste néanmoins la cérémonie grandiose organisée à la Maison Blanche pour accueillir Marie Curie le 20 mai”. A cette occasion, elle reçoit, des mains du président américain Warren G. Harding, un pendentif en forme de clé en or qui ouvre le coffret contenant le gramme de radium, dans une usine de Pittsburgh (Pennsylvanie) qu’elle visitera la semaine suivante. Un gramme de radium peut sembler une quantité insignifiante, mais, comme le précise Renaud Huyhn, “cela représente une aide considérable pour les chercheurs scientifiques car cela permet de travailler pendant plusieurs décennies”. D’où l’importance de cette donation pour la poursuite du travail scientifique de Marie Curie.
L’importance des Etats-Unis dans l’histoire de Marie Curie
A une époque où la traversée de l’Atlantique prenait plusieurs jours et où les nouvelles ne se répandaient pas aussi vite qu’aujourd’hui, il est étonnant que la mobilisation pour aider les recherches de Marie Curie soit venue des Etats-Unis et non de France. “Il est vrai que Marie Curie était, à l’époque, beaucoup moins célèbre en France, où elle était plutôt montrée du doigt, qu’à l’étranger où elle apparaissait comme la femme aux deux prix Nobel. D’autre part, les Etats-Unis disposaient d’importants gisements d’uranium, contrairement à la France, et avaient plus de facilité à produire un gramme de radium” explique Renaud Huyhn.
Ce lien d’admiration et d’implication entre la physicienne et les Etats-Unis ne s’est pas arrêté là : en 1929, Marie Curie y est retournée, pour recevoir un nouveau gramme de radium, de la main du président H.C. Hoover. Elle le remettra à l’Institut du radium de Varsovie, permettant ainsi à son pays d’origine de profiter de sa renommée internationale. Quant au premier gramme, elle le léguera à sa mort à l’Institut du radium de Paris et au laboratoire Curie, à condition qu’il soit utilisé par sa fille Irène Curie.
C’est bien entendu avec reconnaissance que Marie Curie a pu s’exprimer de son vivant sur les Etats-Unis, ce pays qui a tant compté dans son parcours, en disant éprouver “un sentiment de gratitude pour le précieux cadeau des femmes américaines et un sentiment d’affection pour leur grand pays lié au nôtre par une sympathie mutuelle qui donne confiance à un avenir pacifique pour l’humanité”.
A propos de l'auteur
Emmanuelle Klein
Surfant sur le petit monde des relations presse depuis plus de 20 ans, c’est en poussant les portes des rédactions des médias chauds qu’elle s’est forgée son expertise. Gastronomie, sport, recherche fondamentale peu importe le flacon… elle a compris que les contraintes des médias étaient les siennes et aime particulièrement relever des défis de n’importe quelle nouvelle interrogation.