POUR LA PETITE ENFANCE ET LA PARENTALITE1
Dans son rapport remis fin janvier 2013 dans le cadre de la consultation interministérielle sur l’accueil du jeune enfant, l’ANPDE, Association Nationale des puéricultrices diplômées et des étudiants, défend plusieurs nécessités qui lui semblent primordiales pour assurer un accueil optimal et sécurisant du jeune enfant. Qu’il s’agisse de la situation des professionnels de l’accueil collectif ou individuel, de leur formation, de leur parcours ou des conditions d’exercice, l’ANPDE revient sur un certain nombre de manquements déjà pointés du doigt lors de précédentes auditions ou consultations.
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Pénurie des professionnels qualifiés et manque d’attractivité de la fonction de puéricultrice
A la question sur l’amélioration de la connaissance de la situation des professionnels de l’accueil du jeune enfant, l’ANPDE constate sur le terrain une réelle difficulté de recrutement de professionnels diplômés et un turn-over important du personnel. Ce constat est corroboré par les résultats d’une récente étude de la DREES2 démontrant que la moitié des postes de direction sont pourvus par des éducateurs de jeunes enfants et plus du tiers par des puéricultrices et que les dérogations sont importantes notamment en région parisienne.
De plus, les accueils collectifs type multi accueil sont en augmentation et l’offre d’accueil des assistants maternels est près de 2 fois supérieur aux autres modes d’accueil. L’ANPDE pointe que la sous-représentation des professionnels diplômés est certainement liée aux rémunérations faibles au regard des responsabilités sur le terrain. Les quotas de puéricultrices formées n’a pas augmenté de manière significative depuis de nombreuses années : entre 800 et 1 000 étudiants sont diplômés chaque année, alors que les puéricultrices sont destinées à trois lieux d’activités principaux, avec des missions de plus en plus nombreuses. Parallèlement, l’ANPDE constate une surreprésentation de professionnels sous-qualifiés. Face à ces constats, l’association s’inquiète d’une qualification vers le bas pour palier la pénurie de ressources qualifiées, comme par exemple le poste de directeur de crèche attribué à un infirmier sans spécialisation ni même formation, ou les formations protéiformes d’auxiliaires de puériculture ne disposant pas de terrains de stage.
Des conditions d’exercice de plus en plus compliquées
L’accueil en surnombre semble constituer une difficulté majeure dans l’exercice des professions de l’enfance. L’ANPDE souligne une difficulté de conciliation entre l’intérêt supérieur de l’enfant et l’obligation d’assurer un taux de remplissage optimal demandé par les gestionnaires. Les mesures que l’association propose sont les suivantes :
– Une revalorisation des métiers de la petite enfance, comme cela a été fait pour les assistants maternels, avec une reconnaissance des compétences.
– Concernant la profession de puéricultrice, la reconnaissance d’une formation de qualité correspondant aux besoins de la population (enfant et famille), mais aussi aux besoins des étudiants et des professionnels, sur 4 semestres,
avec, entre autre, un apport plus conséquent sur les compétences managériales, sanctionné par un diplôme d’Etat grade Master.
– Une révision des dispositions concernant l’accueil en surnombre.
– L’engagement des employeurs pour favoriser la formation continue des professionnels de l’enfance, notamment avec la mise en place du développement professionnel continu (DPC).
– Favoriser les analyses de pratique sur le terrain, ce qui nécessite d’aménager les horaires des professionnels et du personnel supplémentaire pour les mettre en œuvre.
La nécessité d’une nouvelle approche
« Nous constatons de plus en plus de situations complexes, tant par les difficultés financières des familles, que dans leur isolement (pas de famille, famille monoparentale…), et dans leur situation salariée en tension (horaires atypiques, temps partiels, pas de droit d’absence…) » s’inquiète le Président de l’association. Il est de notre devoir d’appréhender ces difficultés et d’apporter une réponse positive à ces familles souvent en attente de conseils et de soutien. Une enquête 2012 de l’ANPDE a d’ailleurs montré que 73% des puéricultrices interrogées effectuaient des actions d’éducation à la santé et 46% organisaient des consultations de puéricultrice. D’autre part, 67 % des puéricultrices interrogées accueillaient un enfant porteur d’un handicap dans leur structure et 65 % accueillaient un enfant atteint d’une maladie chronique. Ces chiffres ne sont certainement pas les mêmes lorsqu’une directrice d’EAJE (établissement d’accueil de jeunes enfants) n’est pas puéricultrice.
« Il devient urgent que les multiples compétences de l’infirmière puéricultrice soient valorisées, que le grade master soit enfin reconnu pour donner envie aux étudiants de choisir cette voie et assurer ainsi un meilleur accueil et un bon suivi du développement de nos enfants » conclut Sébastien Colson.
La contribution de l’ANPDE est téléchargeable sur :
au-tour-des-parents.fr
1 La loi N° 2010-625 du 9 juin 2010 relative à la création des maisons d’assistants maternels a prévu à son article 10 que le Gouvernement remette au Parlement un rapport dressant un premier bilan de la mise en œuvre du plan métiers de la petite enfance.
2 DREES (2012a). L’offre d’accueil des enfants de moins de 3 ans en 2010. Etudes et Résultats, N°803.
A propos de l'auteur
Emmanuelle Klein
Surfant sur le petit monde des relations presse depuis plus de 20 ans, c’est en poussant les portes des rédactions des médias chauds qu’elle s’est forgée son expertise. Gastronomie, sport, recherche fondamentale peu importe le flacon… elle a compris que les contraintes des médias étaient les siennes et aime particulièrement relever des défis de n’importe quelle nouvelle interrogation.