La 5e édition de la Biennale de la Création des Arts décoratifs se tiendra au sein de l’église Saint-Louis de la Salpêtrière, comme l’édition précédente. Cet espace consacré, dans lequel la messe est toujours célébrée, est sacralisé. C’est une friche nue, monacale, que les créateurs vont s’approprier le temps d’une scénographie qui mettra leur oeuvre en lumière. La symbolique d’un tel lieu a-t-elle des répercussions sur l’essence profonde de la création ?
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De l’atelier à l’espace
La création proposée par Matthieu Fiat pour la 5e Biennale de la Création des Arts décoratifs, du 15 au 30 septembre 2012, marque sa deuxième participation à cet événement. En 2010, il avait présenté un siège d’apparat intitulé “Oh mon Roi…!” en tôle caissonnée, à la forme gracieuse et délicate. A cette occasion, le créateur avait découvert la majesté du lieu de l’Eglise de la Salpêtrière : “Après la Biennale de 2010, je me suis dit que si je participais à la prochaine et qu’elle avait lieu au même endroit, je proposerais un projet de mobilier lié au thème du sacré”.
Cette réponse du créateur soulève la question de l’influence du lieu d’exposition sur la nature de la création. En quoi les lieux influencent-ils la démarche et la réflexion du créateur ? “Avant la Biennale de 2010, je n’avais pas réalisé de pièces destinées à un lieu d’exposition en particulier. Je n’avais pas eu à me poser la question” explique Matthieu Fiat. “Mais en découvrant l’Eglise de la Salpêtrière, j’ai compris qu’il était possible de réaliser des pièces de plus grande dimension, portant une signification plus symbolique”.
En effet, les créateurs travaillent la plupart du temps dans leur atelier, un endroit qui leur est très personnel, si ce n’est complètement privé. Ils connaissent la lumière, l’ambiance, la sonorité et les couleurs qui caractérisent ce lieu et qui servent d’écrin à l’oeuvre qu’ils créent. Mais le passage de l’atelier à l’espace extérieur et inconnu peut donner une signification et une symbolique nouvelles à l’oeuvre.
Pour Vittorio Serio, président fondateur de l’EAC, les oeuvres présentées lors de la Biennale sont une construction commune représentant le patrimoine de demain des Arts décoratifs. Et le résultat est encore plus riche et significatif si elles sont placées en contraste avec un lieu d’exposition symbolisant le patrimoine architectural d’hier.
“Upsilon”, deux voies possibles, un choix à faire
L’oeuvre proposée par Matthieu Fiat pour la 5e Biennale s’intitule “Upsilon”. En voulant inscrire sa création dans le thème du sacré, il a choisi le symbole de l’Autel, qui est l’élément central de la liturgie. “Le sacré se pratique sur et autour de l’autel, cette plateforme de jonction entre l’humain et le divin” explique le créateur. Sa motivation pour le thème du sacré dure depuis trois ans, et a débuté avec la création d’une série d’objets symboliques axés sur le motif de la Croix. Pour Matthieu Fiat, “au-delà de sa signification religieuse, elle symbolise l’Homme. C’est une forme qui m’inspire beaucoup. J’ai l’impression qu’il va me falloir du temps et du travail avant de m’en lasser”.
L’oeuvre Upsilon est constituée d’un autel et de deux colonnes : “L’autel est le lieu où se condense le sacré avec le plus d’intensité ; de part et d’autres, deux colonnes symboliques complètent cet ensemble”. Cette création renvoie à la métaphore des “deux voies”, celle du bien et celle du mal. Ce carrefour au croisement de ces deux voies symbolise le choix que tout être humain doit faire.
Pour en savoir plus : www.biennaledelacreation.com
et sur twitter : @BiennaleCAD
A propos de l'auteur
Emmanuelle Klein
Surfant sur le petit monde des relations presse depuis plus de 20 ans, c’est en poussant les portes des rédactions des médias chauds qu’elle s’est forgée son expertise. Gastronomie, sport, recherche fondamentale peu importe le flacon… elle a compris que les contraintes des médias étaient les siennes et aime particulièrement relever des défis de n’importe quelle nouvelle interrogation.