« La Ville vide » par Vittorio Serio
La 5e édition de la Biennale de la Création des Arts décoratifs permet de mettre en lumière une sélection des meilleurs… ? Cette interrogation n’est pas neutre, elle traverse régulièrement l’esprit des femmes et des hommes qui façonnent les Arts décoratifs de ce début de millénaire.
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Pour Vittorio Serio : “Nous ne sommes en aucun cas des designers, nos œuvres sont l’alliance de l’esprit et du geste. En ce sens, nous sommes plus proches des artistes. Toutefois, la fonctionnalité de nos travaux, même si elle tend à disparaître, n’en fait pas pour autant des œuvres artistiques en tant que telle. Au final, et parce qu’il faut bien se nommer, le terme qui nous correspond le mieux est tout simplement celui de créateur”.
Vittorio Serio, Président Fondateur de L’EAC
Une démarche alliant l’esprit et le geste
Souvent méconnus, fascinants, parfois rares, les créateurs d’Arts décoratifs sont des hommes et femmes talentueux issus d‘horizons divers. Métiers d’hier et de demain, ces créateurs manient le geste pour assurer la fabrication ou la restauration d’objets uniques ou de petites séries, utilitaires ou décoratifs d’une grande qualité technique et esthétique.
Pour ce faire, ces professionnels ont acquis un savoir-faire unique. Ils manipulent un outillage spécifique et usent de gestes particuliers. Mais avant le geste et l’outil qui le prolonge, l’esprit est là. “Bien souvent, notre création est déjà finalisée alors que notre geste n’a pas encore commencé” souligne Vittorio Serio tout en ajoutant “mais il n’est pas rare que le geste influence l’esprit, que la matière enrichisse le concept ou que la rencontre avec le collectionneur, le commanditaire, fasse naître une création toute différente”.
Une Biennale à (re)découvrir
La Biennale de la Création des Arts décoratifs est un instant unique dans le paysage de la création. Toujours identique et à jamais différente, chaque édition repose sur les mêmes valeurs : la recherche de l’unique – aucune des créations présentées ne l’a été auparavant – la mise en avant du patrimoine français de demain et l’exigence de la nouveauté, de l’inédit.
La 5e édition, qui se tiendra du 15 au 30 septembre 2012 en l’Eglise Saint-Louis de la Salpêtrière est donc une nouvelle façon d’explorer les Arts décoratifs d’aujourd’hui et de demain. Une passerelle entre un savoir-faire séculaire et une réflexion de l’instant. Chacune des 23 créations sélectionnées pour 2012 contribue à une construction commune qu’est le patrimoine de demain des Arts Décoratifs.
Mais parler de construction c’est aussi évoquer la genèse des créations : au début était la matière, mais c’est une toute autre histoire que la Biennale contera prochainement…
En attendant, passons du concept à la preuve, de l’esprit au geste avec “La ville vide”, l’œuvre créée par Vittorio Serio pour cette 5e édition de la Biennale de la Création des Arts décoratifs.
“La ville vide”, du concept à l’œuvre…
…Traduction visuelle de l’esprit au geste, “la ville vide” que présente Vittorio Serio pour la Biennale 2012 est tout à la fois le reflet d’une pensée sur le monde d’aujourd’hui, l’évolution d’un concept et l’influence d’un lieu.
Vittorio Serio souhaite offrir pour cette biennale un rappel sur ses origines. Sa réflexion est partie des nuraghes, ces hautes constructions coniques qui parsèment la Sardaigne. Reflet de cette culture, ces tours sont vides aujourd’hui.
Au fil du temps Vittorio Serio en est venu à construire une ville building et ‘’Méga polis’’ en même temps. Une ville à la fois architecturée et angoissante où les humains survivent et luttent pour arriver au sommet. Une analyse sur la réussite sociale telle que l’on souhaite nous l’enseigner et qui n’est peut-être pas la voie royale. Une autre façon de vivre à l’image de celle des créateurs des métiers d’art où la création de l’œuvre et son chemi- nement sont souvent plus important que la valeur marchande de celle-ci.
‘’La ville vide’’ est une réflexion sur le superficiel de l’art au travers d’œuvres totalement gratuites et inutiles. Cette œuvre est une vraie prise de conscience sur les créations d’aujourd’hui. Dans cet esprit Vittorio Serio a la volonté de démontrer que, dans ce monde, ce n’est pas uniquement l’argent qui compte ; dans ces moments de crise les coffres sont vides.
‘’La ville vide’’ se compose de 600 briques en corne de Zébu, toutes de couleurs et d’épaisseurs différentes. Elle représente ces hommes et femmes qui vivent ensemble dans la même ville et pourtant tous différents. De fait, ce cabinet à secret, cette ville fortifiée, ne dévoile sa richesse – un coffre-fort vide – qu’après un cheminement de tiroirs secrets et portes escamotées.
• la ville vide : H 2,55 m, L 1,30 m, P 0,80 m, latté plaqué de 600 cornes de Zébu, 9 mois de réalisation.
Pour en savoir plus : www.biennaledelacreation.com
et sur twitter : @BiennaleCAD
A propos de l'auteur
Laurent Mignon
De la défense des vignobles français sur les marchés export à la e-santé, en passant par la différenciation des molécules et la valorisation de la recherche médicale et biomédicale ou la mise en perspective de l’esprit scientifique et l’image des entreprises et de leurs porte-parole, un seul but : créer du lien entre les acteurs d’un même domaine. Sa méthode : « l’immersion ». Comprendre les enjeux, apporter de nouvelles idées et méthodes, être créatif mais aussi savoir dire non et aiguiller sur d’autres approches font son quotidien.